LE SIDA DU CHAT
Ne pensez pas SIDA, pensez CHAT !

Un article d’Anne-Françoise Flahaut,
Assistante-vétérinaire et Famille d’Accueil

Qu’est-ce que le FIV ?

Le virus de l’immunodéficience féline (FIV) est une grave infection virale chez le chat. Même s’il est similaire au VIH (sida) humain, le FIV est spécifique à une espèce, ce qui signifie qu’il peut être uniquement transmis entre chats et non pas aux humains ou autres animaux.
C’est une maladie à évolution lente. De ce fait, des chats infectés peuvent rester en bonne santé de nombreuses années avant l’apparition des symptômes de la maladie. Une fois qu’un chat a été infecté par le FIV, l’infection est généralement chronique et incurable.

Comment un chat contracte-t-il le FIV ?

Le FIV est présent dans le sang et la salive des chats infectés mais il ne peut pas survivre longtemps en dehors du corps et une haute dose de virus est nécessaire pour développer une infection. La transmission entre chats ne s’effectue pas facilement. Le mode de contamination le plus fréquent est par la morsure d’un autre chat, lorsque le virus dans la salive d’un chat infecté est introduit directement dans le sang du chat mordu. C’est pour cette raison que les mâles non-castrés qui se battent souvent sont plus susceptibles d’être infectés.

Étant donné que le virus ne peut pas être transmis via la nourriture, les gamelles, les litières, les couchages ou les mains, la contamination au sein de groupes de chats qui ne se battent pas reste très peu probable. L’infection peut occasionnellement se transmettre par la mère malade à ses chatons, lors de la mise-bas et via le colostrum (avec le lait) dans les premières heures après la naissance. Le FIV peut également se transmettre au moment de la saillie mais ce n’est pas le mode de contamination principal.

Comment le FIV déclenche-t-il des maladies chez les chats ?

De nombreux chats infectés par le FIV peuvent vivre longtemps avec le virus. Chez certains félins, le virus ne provoquera même jamais de maladies cliniques, il reste à l’état latent.

Le FIV infecte les cellules du système immunitaire (les globules blancs) en perturbant leur fonction normale. Cela signifie qu’au fur et à mesure que la maladie progresse, les germes qui se trouvent dans l’environnement habituel (virus, bactéries ou champignons qui ne posent aucun problème aux chats ayant une immunité normale) peuvent provoquer des maladies graves chez les chats atteints de FIV.

Ces infections secondaires sont responsables de nombreuses maladies du chat associées au FIV.

Même s’il n’existe pas de symptômes spécifiques associés au FIV, on peut relever des signes typiques de la maladie :

 perte de poids ;
léthargie, anémie ;
fièvre ;
gingivite et stomatite (inflammation des gencives et de la bouche) ;
ganglions lymphatiques enflés ;
maladies intestinales (diarrhées), urogénitales (cystites, avortements), respiratoires (coryzas chroniques), oculaires (uvéites), cutanées (abcès à répétition, dermites) ou des articulations (polyarthrite);
troubles neurologiques et comportementaux.

Dans les cas les plus défavorables, des convulsions et des tumeurs peuvent survenir en fin d’évolution.

Même si l’on observe des infections sévères avec tous les symptômes décrits, deux tiers des chats infectés par le FIV ne déclenchent pas de maladie grave, et peuvent mourir à un âge avancée, la cause du décès n’étant pas forcément liée au FIV. On estime que le FIV ne réduit pas (ou peu) la durée de vie et que la qualité de vie des chats infectés est généralement satisfaisante.

Des chats presque comme les autres

Délaissés dans les refuges ou abandonnés par leurs propriétaires, les chats atteints du FIV ont malheureusement la vie dure. Ni transmissible à l’Homme ni à une autre espèce animale que le chat, ce virus reste toutefois un frein pour de nombreux adoptants. Un chat contaminé reste 2 fois plus longtemps en refuge qu’un chat sain. Certains refuges pratiquent systématiquement l’euthanasie des chats porteurs du FIV. Mais il faut savoir qu’adopter un chat porteur du FIV, c’est un sauvetage à double titre. Les refuges regorgent aujourd’hui de ces félins malades, qui n’attendent que l’amour d’un maître…

Prévention du FIV ?

Malheureusement, actuellement, il n’existe pas encore de vaccin contre le FIV. La meilleure prévention reste la stérilisation des chats de maison mais également les campagnes de stérilisations des chats de terrain. En effet, la stérilisation permet de diminuer considérablement les bagarres entre félins. Elle supprime également la transmission maternelle du virus aux chatons et la contamination au moment du coït.

Comment s’occuper d’un chat ayant le FIV ?

Lorsqu’on s’occupe d’un chat séropositif, les objectifs principaux sont d’abord la prévention de la transmission du virus à d’autres chats et ensuite le maintien d’une bonne qualité de vie pour le chat infecté. Les chats séropositifs doivent être stérilisés et gardés à l’intérieur afin de réduire le risque de bagarre et de propagation du virus. Il est essentiel de maintenir son chat en bonne santé en le faisant vacciner et en lui administrant des traitements antipuces et vermifuges couplés à une alimentation de haute qualité. Éviter les aliments crus aide à réduire l’exposition aux agents pathogènes qui peuvent être dangereux pour lui.

Conclusion

L’infection par le FIV est une maladie grave pour laquelle n’existe malheureusement pas encore de vaccin enregistré en Europe. Il est fortement conseillé de faire pratiquer, par votre vétérinaire, un test de dépistage à votre chat, si celui-ci a été trouvé dans la rue, s’il a été en contact avec des chats infectés, s’il se bagarre régulièrement ou s’il présente des problèmes de santé récurrents (abcès, diarrhées, gingivites). Si votre chat n’est pas stérilisé, ne le laissez jamais avoir des contacts avec ses congénères sans un dépistage préalable.

Le témoignage de Jackie et Patrick, deux amoureux des chats

« Mon mari et moi venons du Royaume-Uni, mais vivons sur la magnifique île grecque de Crète depuis près de 12 ans. Nous avons toujours eu des chats et nous sommes arrivés ici avec nos 5 chats.  Environ six mois après notre arrivée, nous avons rencontré un chaton femelle dans notre village. Elle était dans un mauvais état avec des puces, de la gale d’oreille, de la diarrhée et avait environ 6 mois. Nous avons décidé de la garder, de la ramener à la maison, de la soigner et de l’appeler Phoebe.

Nous l’avons emmenée chez notre merveilleux vétérinaire, Giorgos. En plus de traiter sa gale d’oreille et sa diarrhée, il a également fait des tests sanguins pour le FIV et le FeLV (leucémie féline). Elle était négative au FeLV, mais positive au FIV, qui est la version féline du SIDA. J’ai demandé si elle devait être euthanasiée, car nous avions eu un chat au Royaume-Uni qui était positif pour le FIV et le vétérinaire avait insisté pour qu’il le soit. Giorgos a dit « Non ! » Il a dit qu’une proportion assez élevée de chats du village seraient testés positifs et que ce n’était pas une condamnation à mort.

Nous avons 12 chats et ce sont tous des chats de villages grecs et ils vivent dans et autour de la maison.  Phoebe est toujours avec nous et a environ 12 ans. Nous avons deux chats porteurs du FIV et nous ne savons pas si les autres sont atteints. Il n’y a pas de différence de comportement, ni plus de factures vétérinaires car ils ont le FIV. Le traitement vétérinaire le plus cher pour eux est de les faire castrer, ce qui, évidemment, est l’une des premières choses à faire avec un nouveau chat. Ils ne sont pas malades et n’ont pas besoin de traitement spécial ou de médicaments.

Ce ne sont que des chats, qui veulent et méritent un foyer aimant ! S’il vous plaît, n’ayez pas peur d’adopter un chat porteur de FIV. Ils ont tous leur propre personnalité et sont des chats adorables et merveilleux ! »

Franchirez-vous le pas ?

Aux Amis des Animaux, trois chats à l’adoption sont porteurs de la FIV. Nous nous refusons à l’euthanasie et gardons l’espoir de leur trouver une famille. Ces chats sont les plus malheureux des malheureux. Ce sont eux qui entre tous ont le moins de chances de trouver un foyer. Franchissez le pas. Ayez le courage. Adoptez un chat porteur de la FIV.