L’INSUFFISANCE RÉNALE CHRONIQUE CHEZ LE CHAT
INSUFFISANT mais VIVANT !

Un article d’Élisabeth Jourion,
Assistante-vétérinaire, Bénévole du Refuge

Qu’est-ce que l’insuffisance rénale ?

Les reins des chats, tout comme les nôtres, jouent de nombreux rôles au sein du corps et participent au bon fonctionnement de celui-ci. Mais parfois, il arrive que ceux-ci se détériorent, on parle alors d’insuffisance rénale. L’insuffisance rénale chronique (IRC) est un dysfonctionnement progressif et irréversible des reins. C’est l’une des pathologies les plus répandues chez le chat âgé. Bien qu’incurable et mortelle, il existe néanmoins des traitements qui permettent aux chats de vivre plus longtemps et relativement normalement.

Il existe une deuxième forme : l’insuffisance rénale aiguë (IRA). Il s’agit d’un dysfonctionnement soudain et réversible des reins. Il peut arriver chez des chats de tout âge et est généralement curable. Nous n’en parlerons pas dans cet article car l’IRA ne concerne pas les chats à l’adoption aux Amis des Animaux. Les chats étant toujours soignés avant d’être proposés à l’adoption.

Quelles sont les causes de la pathologie ?

Les causes sont multiples et en voici quelques exemples :

    • Dégénerescence dûe à l’âge.
    • Malformations congénitales des reins (polykystose, …).
    • Infections bactériennes (Pyélonéphrite, …) et virales (FeLV, PIF,…).
    • Inflammations (Glomérulonéphrite, …) des reins.
    • Tumeurs (Lymphosarcome, …).
    • Calculs rénaux.

Symptômes et diagnostic

L’insuffisance rénale chronique est une pathologie sournoise dans le sens où, durant les premiers mois, voire années, le chat ne présentera aucun symptôme. En effet, même lorsque les reins sont en cours de dégradation, ils continuent d’assurer leurs fonctions et il n’y a donc pas de signes visuels au début. Ce n’est que lorsque la dégénérescence arrive à un stade avancé (environ les 2/3 du rein touché) que l’on aperçoit les premiers symptômes. Les premiers indices sont les suivants :

    • Perte de poids et d’appétit.
    • Boit et urine plus (polydipsie/polyurie).
    • Mauvaise haleine (halitose).
    • Apathie.
    • Qualité du poil diminue.
    • Vomissements et/ou diarrhées.
    • Anémie.
    • Symptômes musculaires.
    • Hypertension.
    • Troubles de la coagulation.

Lorsque la maladie se rapproche de son dernier stade, les symptômes deviennent plus violents. Parmi eux, on peut retrouver des convulsions, des évanouissements, un coma.

Mais alors, si l’insuffisance est si difficile à dépister sur base des symptômes, comment la reconnaitre ? La réponse se trouve dans le corps de notre cher matou ! C’est pourquoi des examens complémentaires, tels que des analyses sanguines et urinaires, la prise de pression artérielle et une échographie sont nécessaires (ne serait-ce que pour avoir une valeur de référence).

Traitements

L’insuffisance rénale chronique n’est pas curable. Malgré tout, des traitements peuvent être mis en place afin d’améliorer la qualité de vie du chat et de ralentir la maladie, au point de rallonger son espérance de vie de plusieurs années dans certains cas. Ces traitements dépendront du stade de la pathologie mais parmi eux, on peut retrouver :

    • Le changement d’alimentation : Il existe un régime alimentaire adapté aux chats insuffisants rénaux qui permet de soulager les reins. Celui-ci fonctionne, entre autres, car il diminue les nutriments qui sont susceptibles de créer un surplus de déchets et augmente ceux qui sont éliminés plus rapidement qu’à l’accoutumée.
    • La réhydratation : Afin d’aider les reins à éliminer les toxines et de les soulager, il est important d’augmenter l’apport en eau du chat. Cela peut se faire soit en incitant le chat à consommer plus d’eau (fontaine, nourriture humide, etc.), soit par perfusion chez un vétérinaire (dans certains cas plus avancés).
    • Les médicaments : Différents médicaments peuvent aider à soulager le chat et ses reins, comme des soins contre l’hypertension et qui améliorent la perfusion rénale, les anti-vomitifs ou un traitement pour stimuler l’appétit par exemple. D’autres médicaments peuvent être prescrits en fonction des symptômes de l’individu.

Conclusion

L’insuffisance rénale étant une maladie fréquente chez les chats âgés, il est conseillé de faire un bilan de santé annuel dès les 7 ans du chat. C’est à partir de cet âge-là qu’il est le plus susceptible de la développer. Or, au plus tôt elle est prise en charge, au plus on a de chance d’augmenter la qualité et l’espérance de vie de l’animal.

Le témoignage d’Evelyne : Tintin et l’oreille cassée

« Nous habitons un quartier où des chats errants circulent régulièrement. Certains d’entre eux choisissent de s’y fixer et nous adoptent comme leur famille définitive. Ainsi, un mâle tigré, mal en point, une oreille recroquevillée, le poil rêche et mité, tout timide, venait régulièrement manger chez nous mais s’enfuyait dès qu’il remarquait notre présence. Son état nous inspirait beaucoup de peine et de compassion.

Un jour de novembre, il a suivi un de nos protégés et, bien caché, est resté à l’intérieur de notre demeure. Après des soins vétérinaires bien nécessaires, il s’est installé dans la famille. De plus en plus attachant, ce chat discret, baptisé Tintin en raison de son oreille « cassée » s’est révélé un compagnon très doux et charmant. Quelques mois de cohabitation plus tard, nous avons remarqué que contrairement à nos autres chats, Tintin buvait énormément

Après un examen vétérinaire, le diagnostic est tombé : insuffisance rénale à un stade avancé ! Ceci a signé un changement dans son alimentation : il devait recevoir une nourriture spéciale moins riche en protéines et surtout il fallait lui administrer un traitement quotidien. Tintin avait-il compris qu’il était temps pour lui d’abandonner sa vie d’errance ? S’est-il installé chez nous à cause de son état dégradé ? Il a pris son traitement sans difficulté et s’est montré de plus en plus câlin, s’installant même sur nos genoux en soirée.

En même temps, notre attachement à ce pauvre minou allait croissant même si, la maladie évoluant, il lui est arrivé de ne pas arriver suffisamment vite à sa litière. Il n’en était pas responsable et nous avons pris patience. Lorsque son état s’est définitivement détérioré et qu’il nous a quittés, nous l’avons beaucoup pleuré et sa douceur nous manque encore terriblement. Peut-être sa maladie nous l’a-t-elle rendu encore plus cher ?

Cette expérience nous a appris une leçon importante : les chats en insuffisance rénale ont besoin d’une famille autant que n’importe quel autre chat ! Les soins nécessaires n’enlèvent rien au plaisir de leur compagnie. Et si demain nous avions la possibilité d’adopter un chat en insuffisance rénale, même en le sachant à l’avance, oui nous l’adopterions ! Les insuffisants rénaux sont les délaissés des Refuges. Eux aussi ont le droit de finir leur vie dans une vraie famille. »

Franchirez-vous le pas ?

Aux Amis des Animaux, un chat à l’adoption est insuffisant rénal chronique. Nous nous refusons à l’euthanasie et gardons l’espoir de lui trouver une famille. Ces chats sont les plus malheureux des malheureux. Ce sont eux qui entre tous ont le moins de chances de trouver un foyer. Franchissez le pas. Ayez le courage. Adoptez un chat insuffisant rénal chronique.